Notre arrivée dans la péninsule du
Yucatán est marquée par nos retrouvailles avec Sébastien, notre pote ariégeois
de Whistler, et de Frances, sa blonde, ce qui nous remet la tête dans nos
souvenirs neigeux du Canada alors que nous vivons un été à rallonge au Mexique.
Eux sont venus chercher le soleil et nous savons bien qu'en cette période de
l'année, c'est la saison de la mousson à Whistler avant l'hiver ! Nous passons
deux jours tous les 4, savourant les bons côtés de la côte caribéenne car bien
sûr qu'il y en a ! L'eau est incroyablement turquoise, le sable incroyablement
blanc. La petite station balnéaire de Mahahual reste à taille humaine même
si elle est envahie chaque jour par les passagers d'un nouvel énorme paquebot
pour vacances « tout compris » !
Prêts à embarquer ?!
Le jour de dire "à
bientôt" à Sébastien et Frances qui repartent eux trouver la neige en
terre canadienne, chère à nos cœur, Alex ne trouve pas de meilleure idée que de
se coincer le dos en voulant ouvrir la caisse à chaussures de skis pour lui
faire prendre l'air. Ce n'est pas que nos chaussures de skis macèrent et
sentent fort dans cette caisse, c'est plutôt pour éviter que ça le soit ! Mais
quelle idée alors de penser à du ski en plein mois de décembre ?!!! Le dos
sévèrement coincé, mon homme diminué a besoin de soins et nous trouvons
l'adresse d'un chiropracteur à Tulum, quelques 200 kilomètres plus au nord.
C'était notre prochaine étape de toute façon, donc allons-y ! Nous avons 1000
kilomètres au compteur, nous n'avons pas de jauge nous vous le rappelons, mais
nous connaissons notre voiture, nous savons que nous pouvons joindre Tulum et
être à l'heure pour le rdv sans problème !
La route file dans les terres, droite et sans intérêt en arrière plan des
plages paradisiaques. A l'approche de Tulum, il nous reste 50 kilomètres tout
au plus, Alex m'annonce que ça y est, nous sommes en panne. Le coup de la panne
? Non allez, ce n'est pas drôle là ! Si si, nous sommes à cours de gazole ! Et
ça fait un bail que nous n'avons pas refait le plein de notre bidon de secours
en plus. Oui, c'est la m... ! Mais Alex se roule sous la voiture, commence à
purger le réservoir de gazole pour faire le plein d'une bouteille de 4 litres
qui fera office de réservoir. Nous avons beau être en panne de gazole, il reste
toujours au moins 20L inutilisables. Petit défaut de fabrication mais ça fera
office de réserve aujourd'hui ! Le moteur relié à notre nouveau réservoir en
plastique, c'est bon il redémarre ! Cela me rappelle la première fois que nous
avions fait démarrer le moteur avec Florent. Même installation de fortune,
suffisante, parfaite pour parcourir quelques kilomètres... Verdict 8km ! Quoi,
déjà ?????
Il faut refaire le plein !!!! Et
Alex file se rouler de nouveau sous la voiture, purge un peu plus du réservoir
pour refaire le plein de cette foutue bouteille et nous avançons cette fois
de... 6km... C'est qu'elle n'est pas idéale cette installation mais elle donne
de l'espoir ! Il semblerait qu'il n'y ait pas de station avant Tulum, ça va
être tendu, mais à chaque fois que la voiture redémarre, nous savons que nous
nous rapprochons de notre but, en serrant les fesses bien sûr ! Nous nous
arrêtons à chaque fois sur le bord de la route, pas dangereuse du tout entre
les voitures et les énormes camions qui nous passent sans forcément s'écarter,
à plus de 100km/h. Sans parler des fourmis voraces qui, à un arrêt, nous
ont fait la fête ! Pas d'intrus autorisé sur leur territoire. Du coup, pas
de pitié et elles s'en donnent à coeur joie pour nous croquer... Au moins 4
fois nous recommencerons l'opération avant d'arriver enfin à une halte qui
ressemble à la fin de cette panne. C’est un arrêt pour camionneurs. A peine une
palapa, pour se reposer à l'ombre et un comedor, pour se ravitailler la panse.
Nous nous voyons déjà demander à un routier si nous pouvons siphonner son
réservoir... Mais pas besoin, le propriétaire de la palapa a de la réserve et
ramène un bidon de 20L qu'il nous vend une misère ! À croire que c'est du vieux
gasoil qui traine depuis des lustres, du temps où le diesel ne valait que 12
pesos le litre (14,63 aujourd'hui). Malheureusement, il ne lui reste plus que
ça et nous nous doutons bien que cela va à peine suffire pour remettre le
réservoir au niveau 0 (les fameux 20L inaccessibles).
(Nous aurions bien mis une photo
pour illustrer ce doux moment... Mais il se trouve que nous n'avons pas pensé à
en faire ! Comme quoi, le coup de la panne, ce n'était vraiment pas prévu !)
Il ne reste plus que 20 kilomètres
jusqu'à Tulum. Au pire, si nous tombons en panne de nouveau, nous savons que
nous pouvons rouler encore et encore sous la voiture pour vider d'un côté et
remplir de l'autre ! Nous désinstallons notre système de fortune, reconnectons
les durites au réservoir et c'est parti pour Tulum que nous atteindrons au
final sans problème ! Nous complétons le remplissage avec quelques 167L
aux 20L rajoutés 20km plus tôt. Ca surprend le pompiste et nous aussi !
Nous n'avions pas fait un plein aussi important depuis que nous avions rempli
pour la première fois le réservoir ! Nous étions donc à sec de chez sec ! Et
pour finir notre histoire de "pana del tonto", la "panne du
con"... Faut savoir que notre seule connerie dans tout ça, c'est d'avoir
fait confiance au pompiste mexicain qui a fait le plein la dernière fois ! Au
premier clac, il ne s'embête pas, pour lui c'est fini et il retire le pistolet.
Il ne le sait pas lui que nous n'avons pas de jauge ! Ce qui fait, qu'un plein
plus tard, lorsque le premier clac a retenti, nous avons demandé à continuer à
remplir... 30L qu'il a pu encore mettre le pompiste... Ce n'est pas justement
ce qui nous a manqué pour arriver à Tulum ?!...
Bien arrivés à destination !
Tout ça avait bien fini par
débloquer le dos d'Alex, forcé à rouler sous la voiture pour vider d'un côté,
remplir de l'autre. Vous vous rappelez que c'était pour se rendre à un rdv chez
un Chiropracteur que nous avions pris la route ?... Mais faut croire qu'une
panne d'essence a plus d'effets positifs qu'une séance puisqu'il s'est réveillé
le lendemain le dos douloureux et bloqué de nouveau… La prochaine fois qu'il se
coince le dos, j'ai la solution, nous avons juste à tomber en panne
d’essence !
Fenêtre photographique parfaite pour éviter la foule !
Retrouvez nos photos des ruines de Tulum dans notre album,
avec ou sans la foule !
Le dos coincé ou pas, nous voici
alors à Tulum. Il ne nous faut malheureusement pas beaucoup de temps pour
ressentir une gêne, celle de ne pas nous sentir à notre place. Nous voici à la
porte d'entrée de la côte caribéenne mexicaine devenue station balnéaire super
développée. C'est le paradis des voisins du Nord et Outre-Atlantique qui, en
mal de soleil, viennent véritablement envahir ces lieux en masse, aussi bien
par leurs dollars que par leur personne ! Nous ne parlons même pas de Playa del
Carmen et nous n'irons même pas oser jeter un œil à Cancún. Il suffit de
s'échapper du décor de rêve des plages sur fréquentées et factices pour
découvrir la réalité, sur des plages soi disant sauvages peuplées de drôles
d'espèces en mal d'adaptation dans le paysage. Poubelles, détritus, ordures,
déchets... Un nouvel envers du décor paradisiaque des Caraïbes malheureusement
dans lequel nous devons patienter à contre cœur quelques jours dans l'attente
de colis. Mal habitués à nous retrouver seuls au beau milieu de cités
pré-hispaniques désertes, découvrir Tulum avec la foule nous donne l'impression
que nous sommes devenus des êtres humains sauvages.
Petit coin d'intimité sur la côte
caribéenne
Nuit étoilée sous les tropiques
L'arrivée des colis à destination
nous permet enfin de partir à la recherche de trésors plus secrets en terre
yucateña. En plus des plages de sable blanc et d'eau turquoise, cenotes et
cités Mayas font aussi la richesse de la péninsule du Yucatán. Tout près de
Valladolid, les deux cenotes de X'Kekén et Samulá, bien que payants, très
accessibles et bien fréquentées, ne nous font pas du tout regretter de descendre
au petit matin sous la croûte karstique. Puits sacrés chez les Mayas, nous nous
trouvons comme dans un autre monde sous la surface où seuls se font entendre le
bruit des gouttes et les petits cris stridents des chauves-souris... Tout est
calme, à peine éclairé par les rayons du soleil qui peinent à trouver un chemin
jusqu'à ce joyau d'eau douce... jusqu'à ce que deux italiens sautent sans
discrétion avec l'élégance d'un morse et éclaboussent de tout leur savoir-vivre
ce lieu paisible. Nous aurons eu ce petit paradis pour nous tous seuls presque
une heure entière. Veinards que nous sommes ! Il est temps maintenant de
laisser la place !
Le cenote de Samulá et son puits de lumière
Cenote de X'Kekén
C'est au sud de la capitale du
Yucatán, Mérida, que nous ferons d'un cenote délaissé notre point de chute pour
quelques jours. Mal situé géographiquement puisque trop loin des routes
principales, nous nous attendons à tomber sur un trou d'eau croupie lorsque
nous descendons les premières marches d'un escalier en mal de rénovation. Plus
les marches nous amènent en voyage un peu plus bas, plus le cenote se dévoile.
En surface, un dépôt de feuilles en décomposition qui, à grands coups
d'éclaboussures disparaît pour nous laisser découvrir à quel point est profond
le grand trou bleu. Les derniers rayons du soleil font briller ce bijou naturel
où nous nous sentirons comme des rois le temps de concrétiser la nouvelle
installation, permanente et solide, de nos panneaux solaires fraîchement reçus
! Au pays où le soleil règne toute l'année en maître, avec une batterie
auxiliaire pas au mieux de sa forme, 2 panneaux souples de 80 watts chacun ne
seront pas de trop ! Et l'avantage est qu'on dirait presque qu'ils ont été
faits pour s'inclure parfaitement dans les dimensions de notre tente de toit
!
Notre salle de bain pour
quelques jours !
Cette eau douce providentielle,
conservée fraîche sous la terre, au cœur d'un pays où l'hiver n'existe pas,
devient pour nous à la fois un puits et une salle de bain grand luxe ! Cette
eau incroyablement limpide est parfaite pour remplir notre réservoir de 100
litres pour les douches et vaisselles à venir. A chaque voyage avec 10 litres à
bout de bras, je réalise que ça grimpe pour remonter de dessous la croûte de la
Terre ! Et là, la chaleur étouffante dehors me fait réaliser que c’est moi
qui ait de la chance de faire les aller-retour au puits alors qu’Alex est en
plein soleil à se brûler le cuir pour installer les panneaux. Je vide mon
précieux butin et cours redescendre au frais. Qui va au puits prend aussi son
bain du coup par la même occasion ! Sans parler de la session
pédicure que tu t’offres en mettant tes pieds à l’eau ! Les petits
poissons en mal de peaux mortes se ruent pour savourer leur dîner en me voyant
arriver ! Du grand luxe je vous l’avais dit !
Plaisir simple de se retrouver sous terre, au frais alors
que le soleil cogne dehors
Les panneaux bien collés, les fils
bien fixés, nous quittons notre cenote secret par sa piste caillouteuse. Tout
roule parfaitement jusqu’à entendre un pff régulier dont le rythme accélère
avec notre vitesse. Tiens donc, ça nous suit et c’est indécrottable !
Incroyable ! Après plus de deux ans et demi sur les routes américaines,
cela ne nous était jamais arrivé ! Première crevaison mais elle est
gaillarde puisque son origine est une fissure dans le flanc du pneu. Nous ne
sommes pas mécontents d’avoir deux roues de secours du coup, le temps de
trouver un mécano qui trouvera la bonne réparation. Il y a beaucoup de chance
que le pneu soit condamné à rester un pneu de tête, toujours à l’avant par la
suite, là où il sera moins sollicité lors des gonflages/dégonflages et des
variations de pistes. Après 2 ans et demi sur les routes, chacun avec 70 000
kms dans les pattes, c’est bien normal que nos pneus s’usent. Mais en
particulier au Mexique, les freinages intempestifs dus aux topes, les
ralentisseurs mexicains, pas toujours indiqués, sont un important facteur
d’usure !
Pour notre première, elle est
pas belle notre crevaison ?
Le pneu changé et chargé sur le
porte-roues, nous prenons la route vers Mayapan. Elle fut la capitale du
Yucatán de 1200 à 1400 ans après JC. Bien différente de Tulum (où nous avons
posé les pieds) et de Chichen Itzá (Où nous ne poserons pas les pieds…), il se
trouve que nous sommes… presque seuls de nouveau ! Nous retrouvons
avec plaisir cette sensation que le lieu a une âme. Le calme et le silence
aident notre imagination à reconstruire le lieu et à donner de la vie à ces
bâtiments chargés d’histoire maya.
Mayapán, ancienne capitale politique Maya du Yucatán
pour nous tous seuls
Toutes nos photos de Mayapán sont dans notre album
C’est notre dernier coup de cœur au
Yucatán avant de rejoindre Mahahual de nouveau. Ce n’est pas vraiment ce que
nous avions imaginé pour terminer notre « tour » de la péninsule,
mais il nous fallait absolument revenir à Mahahual ! Toutes les raisons
étaient bonnes, en particulier celle de retrouver les délicieuses tortas
d’Arturo, El Salsero Mayor ! En étant autant en manque de l’autre côté du
Yucatán, vous comprendrez que sa cuisine, c’est vraiment quelque chose !
Et la liste des bonnes adresses mexicaines s’allonge encore, et
encore !
Tranquille Mahahual au coucher du soleil
Toutes les photos de Mahahual sont dans notre album
Bon, c’est vrai que nous n’avons pas
fait 300 kilomètres que pour des tortas (quoique ???...). Notre court
séjour à Mahahual nous avait laissés sur notre faim. Vous allez dire
« quoi ?! Encore de la cuisine ?! » Il se trouve que cette
petite station balnéaire au sable blanc et à l’eau turquoise, bref, les
Caraïbes telles que nous en avons tous une idée, abrite à quelques centaines de
mètres de la plage une barrière de corail. Avec le dos d'Alex tout cassé la
dernière fois, je nous voyais mal sortir le kayak et pagayer avec un équipier
de travers ! Depuis, de l’eau a coulé dans les cenotes et il est temps de
larguer les amarres moussaillon et de jouer aux sirènes au milieu des
poissons multicolores et des coraux ! A Mahahual, nous sommes aussi au
pays des ananas. En manque de mangues depuis quelques mois puisque ce n’est
plus la saison, passer à un régime d’ananas sucré au petit déjeuner, ça fait
partie des petits bonheurs de Mahahual ! Si jamais nous étions en manque
de fibres, nous n’avons aujourd’hui plus de problèmes ! Je vous garantie,
notre transit va très bien !
Promenons nous au milieu de la
barrière de corail
Une de nos nombreuses rencontres
sous-marines
Un autre point positif de ce coin
des Caraïbes, c’est ce petit bout de plage qui fait office de camping où nous
nous sentions déjà bien. Quand on se sent un peu à la maison, ben on a envie
d’inviter ! Nous nous attachons très vite à notre voisin de tente, Don,
soixantenaire à moto en provenance de l’Idaho. Nous passons des journées
entières à discuter sous le soleil ou les grosses averses tropicales. Et c’est
là que nous avons donné rendez-vous à Valentin et Lætitia. C’est le rédacteur
en chef de Mondial 4x4 que nous avons en commun qui nous a mis en lien, et nous
avons beaucoup apprécié que nos chemins se croisent. Partis d’Amérique du Sud
il y a un an, ils vont vers ces contrées que nous avons quittées il y a
quelques temps, tandis que nous rejoignons bientôt les terres qu’ils ont
laissées derrière eux. Et c’est là qu’arrivent Baptiste, Odile et Lilou,
originaires du Béarn et qui les suivaient de près. Le temps est au partage des
voyages, des expériences et forcément à celui des bonnes adresses ! Donc,
vous savez quoi ? Ben nous sommes allés manger tous ensemble chez
Arturo ! Après 10 jours à Mahahual, il serait temps que nous reprenions la
route mine de rien… Même quand nous savons qu’ils ne sont que des « à
bientôt », les "au-revoir" prennent du temps !
Rencontres sous les tropiques !
Sur la route du Chiapas, nous
prenons un grand plaisir à retrouver des cités mayas un peu délaissées. Becán,
Xpujil valent sûrement autant que leur voisine Calakmul dont le prix nous avait
fait peur. 2 cités pour la moitié du prix de l’autre, nous ne sommes pas longs
à nous décider ! Nous prendrons le pack « cités
délaissées » ! Et c’est sans regret vu la surprise que nous
avons !
Les 3 hautes et impressionnantes tours de Xpuhil qui
connut son apogée entre 500 et 800 après JC
Xpuhil en images ? C'est ici !
A 10kms de Xpujil, Becán et sa pyramide de 32 mètres de
haut, parfait promontoire pour communiquer avec les dizaines de cités
environnantes
Il n’y a plus qu’à rejoindre ensuite
Palenque où nous étions passés rapidement un mois auparavant. Nous avions pris
nos marques, nous les retrouvons avec plaisir ! Et fatigués de la route,
nous nous endormons en souriant sous la berceuse des singes hurleurs, pensant à
tous ces bons moments encore à venir au Chiapas ! Nous allons quitter
d’ici quelques jours le Mexique avec la certitude que nous y reviendrons !
Nous vous envoyons une grosse bise
de Palenque et vous souhaitons à tous un très Joyeux Noël et une très Bonne
Année à venir !
A l’année prochaine !
Les Galopères.
Pour bien terminer l'année, partez explorer Palenque !