Avril 2016, Bienvenidos a México !


Tandis que notre départ des États-Unis approche, il nous reste un parc national que nous tenons absolument à voir : celui de Séquoia National Park. Nous quittons la plaine californienne et ses vergers pour rejoindre de nouveau la montagne. Plus nous montons en altitude, plus la végétation prend de la hauteur jusqu'à atteindre la forêt des énormes Séquoias. Quelques flocons de neige nous accueille, ce seront les derniers pour nous cette année. Bien que grands, ces Séquoias sont plus petits que ceux que nous avions découverts à Redwood dans leur parterre moussu. Par contre, ce qui frappe vraiment, c'est qu'ils sont énormes, massifs et trônent en généraux dans la forêt depuis des milliers d'années. Ce n'est pas pour rien que les plus gros s'appellent Général Grant et Général Sherman. Certains conseillent de prendre les arbres dans leur bras pour se reconnecter avec la nature. Nous avons donc appris à nous démultiplier pour leur faire un gros câlin !

Faisons la ronde dans le jardin des grands séquoias !

En quittant cette forêt extraordinaire, une odeur caractéristique vient chatouiller nos narines de retour dans la plaine. Les orangers et les citronniers sont en fleurs et cette forte odeur sucrée nous fait rouler les vitres grands ouvertes pour apprécier ce parfum. De quoi nous rappeler que nous devons acheter des oranges dont nous nous régalons depuis que nous sommes en Californie. Organiques ou pas, comprenez bio ou pas, elles n'ont aujourd'hui plus de pépins et il nous tarde un peu de manger de "vrais" fruits... Nous sommes dans la bonne direction ! 

En passant par Big Sur...

Nous retraversons la Californie dans sa largeur pour rejoindre la côte Pacifique et prendre la Highway 1 entre San Francisco et Los Angeles. Cette côte est magnifique et particulièrement sauvage jusqu'à se rapprocher de Los Angeles. La période touristique a commencé, la route est chargée et les possibilités de se trouver un petit coin pour la nuit sont assez limitées, mais pas impossibles à trouver ! Toutefois, alors que nous arrivons à la fin de nos six mois de visa B2, nous ressentons plutôt le besoin de nous arrêter pour de vrai, pour une nuit ou deux, voire plus. Pouvoir ouvrir la tente devient une nécessité, dormir à l'intérieur de la voiture devient difficile avec les températures qui montent qui montent.... 

Côte Californienne Américaine

Nous quittons de nouveau la côte pour les terres où la densité humaine change du tout au tout. Ainsi nous trouvons un campement à quelques kilomètres d'un petit village au milieu de nulle part. Une épicerie pour acheter quelques vivres si besoin, une bibliothèque pour se connecter à internet, un magasin automobile histoire d'acheter de l'huile moteur... Nous n'avons pas besoin de plus et prenons notre temps pour préparer notre passage de la frontière tout en économisant nos derniers dollars.

La place, à l'ombre de grands arbres, nous offre des nuits paisibles et de belles journées pas trop chaudes. Elle devient l'endroit idéal pour notre grand ménage de printemps et notre changement dans l'organisation de la voiture. Nous n'allons pas garder nos skis prêts à servir par exemple ! Allez hop, le temps de les farter pour les ranger, nous les glissons sous notre matelas dans la tente de toit ! Nos vêtements d'hiver passent sous les vêtements d'été dans notre coffre après avoir fait un tri et quelques re-essayages. Allons savoir pourquoi, un des collants de ski d'Alex me va maintenant et un des miens sera à lui pour le prochain hiver ! Non non rassurez-vous, Alex n'est pas descendu en dessous de 55 kilos ! Et je suis loin d'atteindre les 80 kilos ! En faisant notre tri, nous constatons vite que finalement, nous mettons très souvent les mêmes choses et que ça en fait des choses superflues... 

En mode grand rangement !

Après un entretien intérieur, il est temps de passer à l'entretien général de Pépère. Comme tous les 10000 kilomètres, c'est l'heure de la vidange ! Nous pouvons aujourd'hui la faire n'importe où sans laisser une goutte au sol ! Dans le même temps, nous changeons les roues de place afin d'égaliser leur usure. Étant donné que la fuite du pont dans le moyeu avant gauche a repris malgré le fait que nous ayons changé le joint en novembre, Alex se lance dans un gros nettoyage du disque de frein car nous sommes dans l'impossibilité d'ouvrir davantage pour fixer le problème pour le moment. Une fois les mains sales, il est temps d'attraper la pompe à graisse pour les croisillons, roulements, lames et rotules. Et nous finissons par inverser nos deux batteries pour que ça ne soit pas toujours la même connectée à la batterie auxiliaire et autres éléments. Comme à chaque fois, une fois que c'est fini, nous ressentons une grande satisfaction d'avoir pris soin de notre Toyota. C'est juste moins agréable en reprenant la voiture de se rendre compte qu'il n'y a plus de frein malgré la purge et qu'un bruit de courroie détendue se fait entendre ! Rien de grave, c'est juste la vis inférieure de maintien de l'alternateur qui a cassé... Il ne suffit que de la remplacer ! Et pour les freins ? Ben on purge et re-purge... Mais c'est partie pour une super purge ! 

Une fois prêts, il ne nous reste plus qu'à traverser l'agglomération de Los Angeles puis de San Diego avant d'atteindre le poste frontière le plus traversé du monde. Il est dimanche, c'est très calme de ce côté-ci de la frontière. Rien de mieux pour pratiquer notre espagnol qu'une frontière déserte et des douaniers qui ont tout leur temps ! Première étape des formalités, la voiture passe au scanner et je dois descendre de la voiture. Alexandre avance Pépère jusqu'à sa zone de "mise à nu" et j'entends ensuite de grands éclats de rire. Alex qui ne trouve pas ses mots en espagnol fait bien rire les douaniers et l'atmosphère se détend tandis qu'ils continuent leur travail d'inspection. Après 18 mois à pratiquer notre anglais de manière intensive, nous repartons au point de départ avec notre espagnol peu frais ! Dès que nous commençons une phrase en espagnol, elle commence plutôt bien. Puis un mot en anglais s'y glisse, puis un autre... Et les douaniers finissent par nous parler en anglais directement... C'est frustrant ! En attendant, notre espanglais est malgré tout efficace puisque nous obtenons notre visa touristique de 6 mois ! Même si beaucoup d'américains fréquentent la Baja, ici c'est espagnol qu'on parle ! Notre cerveau va devoir s'y faire de construire des phrases 100% espagnoles, et vite por favor ! 

Une fois au Mexique, nous nous rendons alors compte que nous avons oublié de laisser aux douaniers américains la carte justifiant notre départ des États-Unis. Il va falloir nous trouver un moyen d'accéder aux douanes américaines alors que nous sommes du mauvais côté. Ce n'est pas possible en voiture, des milliers de voitures attendent pour passer aux États-Unis. Il faudra rejoindre le poste à pied ! Le calme du poste de douane mexicain contraste totalement avec l'ambiance qu'il règne dès que nous rentrons dans Tijuana. Après avoir tourne un peu perdus dans les rues de Tijuana, nous trouvons un parking, Alex reste à la voiture, nous restons sur nos gardes tout en nous sentant un peu bêtes d'être méfiants. C'est peut-être à tort, en fait nous ne connaissons rien de ce pays. Nous avons tous les sons de cloche quant à la "dangerosité" du pays, il est temps que nous prenions nos marques par nous-mêmes ! Je me dirige vers les queues de voitures qui attendent leur passage. Et me voilà à passer entre les voitures, me frayant un passage pour arriver jusqu'aux douanes. Je me retrouve au milieu de dizaines de mexicains qui sont là pour vendre churros, tacos et tout autre de choses aux voyageurs en transit. Forcément, en me rapprochant des postes d'inspection, un officier américain m'interpelle. Il doit bien se demander ce que je fais là ! Je lui tends nos cartes en lui expliquant le problème (là les mots anglais viennent tous seuls bien sûr...) et nonchalamment, il me prend les cartes. C'est bon, tout est en règle ! 

Nous ne nous éternisons pas à Tijuana afin de nous avancer un maximum, loin de la frontière et nous trouver une place pour notre première nuit au Mexique. En fonction des lieux, aux États-Unis ou au Canada auparavant, ce n'est pas toujours facile de trouver un coin pour s'installer pour la nuit. Alors, dans un nouveau pays, c'est bon de s'y prendre un peu à l'avance ! Ce nouveau pays nous fait perdre tous les repères que nous nous étions construits jusqu'à maintenant. Même Tijuana et Enseñada qui sont des villes proches de la frontière sont bien mexicaines. Comme nous avons passé la frontière sans produits frais, notre estomac n'a pas perdu ses marques lui. Première étape, des courses ! Les bases : avocats et citrons verts, pain et papaye ! Nos papilles se délectent d'avance de tous ces mets que nous allons savourer ici ! Il est dimanche, les gens sont dans les rues ou apprécient de se promener le long du Pacifique. De étals proposent des crustacés ou des noix de cocos bien appréciables par des températures qui nous semblent estivales. Forcément que le contraste est fort pour nous qui étions il y a alors deux semaines les pieds dans la neige !

Un petit coin pour la nuit avec vue sur le Pacifique

Une fois que notre ventre ne crie plus famine, nous jetons un coup d'œil à notre carte où une route quitte la route principale pour rejoindre le Pacifique. Là, nous prenons conscience qu'une route secondaire est en réalité une piste et bien habitués à avoir toujours des indications, nous hésitons à nous y engager. "Tu es sûre que c'est là ? Fais moi voir la carte !" "Mais si c'est là ! Enfin... Je pense !"... En tout cas, la piste est belle et nous permet de rejoindre l'océan et ses vagues rugissantes. Nous sommes trop contents d'avoir trouvé ce coin même si la berceuse des grosses vagues toute la nuit n'a pas été des plus douces ! Sur la route du retour, nous croisons de nombreux mexicains qui ne sont pas avares en salutations. Tombant sur une vieille Toyota parquée sur le bord de la route, son propriétaire est sous la roue avant droite et essaie de fixer son problème d'amortisseur qui est complètement sorti de son axe. Le temps de lever la voiture, de sortir outils et quelques vis, d'échanger quelques mots faciles à comprendre grâce au contexte mécanique, il est prêt à repartir sur la piste avec un amortisseur qui tient et nous nous sentons tous contents d'avoir rendu service. Les paysages de cette première partie de la Basse-Californie sont bien verts et les cultures maraichères bien arrosées compte tenu des récentes pluies. La piste elle-aussi est pleine de flaques profondément boueuses et très vite, Pépère revêt une sorte de tenue camouflage qui nous fait dire qu'au moins comme ça nous serons plus discrets et peut être un peu moins gringos !?

El Niño a été généreux en eau ces derniers temps !

Il est vrai que nous ne sommes pas forcément à l'aise en arrivant au Mexique. Les grands bonjours des Mexicains nous confortent dans l'idée que nous sommes les bienvenus et c'est ce qui compte ! Bien que nous resterons toujours des blancs dans ce pays riche de son métissage, nous espérons ne pas être perçus que comme des touristes. En tout cas, nous prenons nos marques dans notre vie de tous les jours au Mexique qui prend réellement des allures de vraies vacances. C'est un rythme que nous n'avons pas vraiment connu ces deux dernières années de vie nomade. Ici nous ressentons réellement la possibilité de nous arrêter et de prendre notre temps... 

Le vol tranquille et silencieux du pélican délicat

Balbuzard pêcheur, the osprey, à l'heure du repas

Nous nous mettons au rythme du spectacle de la faune qui nous entoure, les baleines s'approchent et sortent le nez tout en semblant se frotter le ventre sur le sable à une trentaine de mètres de la plage. Puis viennent les grands plongeons des pélicans et les ballets aériens des balbuzards pécheurs qui initient leur petit à l'envol du nid. Un de nos meilleurs souvenirs pour le moment reste notre virée en kayak au plus proche d'une mère dauphin et son petit venus chasser en eau peu profonde. Jusqu'à ce qu'Alex se fasse piquer par une raie amatrice des eaux chaudes de la Mer de Cortez, et ce, malgré ses tongs de sécurité ! Le Mexique ?! Ça pique ! 

Plage sauvage de la Punta Chivato, nous ne sommes pas bien là ?

Entre les plages du Pacifique à l'Ouest aux plages de la Mer de Cortez à l'Est, la Baja est un grand désert et à la fois une immense forêt de cactus, magnifique à traverser. La température est telle que nous ne préférons pas vraiment nous y installer et recherchons l'air que nous pouvons trouver sur les côtes. D'une plage à une autre, nous retrouvons Mathieu, Jeanne et leurs deux garçons que nous avions rencontrés en Utah. Notre voyage nous fait une belle surprise en ces terres du Mexique : nous lâchons prise et vivons l'essentiel : manger, se baigner, pêcher, apprécier ce que nous vivons sur ces plages de rêve avant d'aller nous reposer pour la nuit... 

Muchos besos de México !

A très bientôt,

Les Galopères.


Pour revenir sur nos 6 mois de voyage aux États-Unis, c'est sur notre site www.legaillardgalopere-aux-etats-unis.blogspot.com !