Juste avant de sauter à pieds joints
dans le mois de Novembre, notre halte à Puebla ne pouvait que se terminer par
un dernier rendez-vous en altitude ! Nous nous étions promis d'aller saluer de
nouveau le fameux Popocatépetl qui fume inlassablement. Toujours aussi
fascinés, nous grimpons jusqu'à ses pieds, au Paso de Cortès, là où il n'est
pas possible d'aller plus loin. Depuis 1994, son accès est interdit et les
caprices du volcan sont fréquents. Quand on pense que le propriétaire du
camping où nous étions nous racontait qu'il y avait auparavant un lac dans le
cratère dans lequel il allait faire du canoé avec son groupe de scouts dans le
temps... Aujourd'hui, un lac de lave a remplacé le lac d'eau et, en dormant au
Paso de Cortès, il suffit se sortir le nez dehors pendant la nuit et savourer
les 0°C qui règnent là pour se rendre compte que l'incandescence de la lave
illumine la nuit au niveau du cratère !
Magnificience d'un géant de feu de 5426m qui parait si
tranquille...
Nous ne pourrons pas grimper en haut
du Popo interdit, ni même au sommet de l'Iztaccíhuatl, son voisin tout proche,
éteint quant à lui. Bien que tentant, les deux volcans culminent à plus de 5000
mètres et un peu plus d’acclimatation serait nécessaire... Nous manquons de
temps puisque nous avons rendez-vous avec la fête des morts à Oaxaca quelques
jours plus tard, mais cela ne nous empêche pas de grimper sur les flancs de
l'Izta où la vue sur le Popo est incroyable. Sur le chemin, de nombreux
mexicains nous trouvent bien légers tandis qu'ils sont, quant à eux, chargés de
lourds sacs. L'ascension des 5230 mètres du volcan éteint se fait le plus
souvent en deux jours, avec une nuit dans un refuge. Le manque d’oxygène met
tout le monde au même niveau, chaque pas un peu plus haut est plus difficile
que le précédent mais pour les mexicains, même épuisés, ce cheminement
ressemble à un véritable acte de foi. Nous sommes très heureux d’évoluer sur le
chemin avec eux, ils s'encouragent les uns les autres, se bénissent aussi. Même
si la souffrance de l’ascension marque leur visage, ils savent pertinemment ce
qu'ils vont trouver là-haut.
Ascension de l'Iztaccíhuatl, volcan dans la brume
A chaque pas, un peu plus près du
sommet
De notre côté, nous avons beaucoup
de plaisir à nous rendre compte que nous nous sentons bien en fait à 4500
mètres. Il nous faudra revenir pour faire l'Izta sans aucun doute, une autre
fois, mais ce sera dans plusieurs années maintenant ! En attendant, nous profitons
de nos derniers moments en altitude. Nous découvrons que les mexicains mettent
ici énormément l'accent sur le plaisir procuré par le fait d'être en montagne,
un environnement qui éveille nos 5 sens et nous rapproche de nous mêmes... Nous
le savons si bien que nous redoutons presque de devoir retourner bientôt plus
bas en altitude alors que nous nous sentons si bien chez nous ici. De toute
façon, dès que nous faisons le choix de rester au moins deux jours quelque
part, ça veut tout dire ! C'est que nous y sommes bien ! Mais tant de belles
choses nous attendent à Oaxaca. En route !
Ah Ah !
Toutes les photos sont dans notre album
Nous ne nous faisions qu'une vague
idée de ce que pouvait être la fête des morts au Mexique. Mais nous pouvons
confirmer que c'est vraiment à vivre ! Et Oaxaca est une ville parfaite pour
savourer ce moment de joie, de vie ! C'est impressionnant de voir à quel point
le Mexique a mauvaise réputation en terme de sécurité... Oaxaca se trouve être
une des villes les plus sûres du Mexique. Nous nous y retrouvons à un moment où
l'effervescence de la foule pourrait conduire à des débordements... Il n'en est
rien et Oaxaca s'anime de partout car c'est un moment important pour célébrer
la vie. Les vivants rendent hommage aux morts en déposant sur leurs tombes une
multitude de fleurs et d'offrandes, la musique envahit les rues alors que les
visages se parent des couleurs de la mort, chacun devenant catrina ou catrin,
squelette bien vivant ! Ils ne se moquent pas de la mort mais la considère
comme faisant réellement partie de la vie. Fêter la mort, c'est donc fêter la
vie ! Imaginez qu’ici, en sortant du cimetière, nous rentrons dans une fête
foraine !
Petite visite au Panthéon, le cimetière de Oaxaca où chacun
peut venir "en balade"
Mettre un peu "de vie" sur les tombes
Nous en prenons plein les yeux,
plein les oreilles et forcément plein le nez et la bouche en se promenant dans
les rues mais surtout au marché. Chaque journée que nous passons au Mexique est
une invitation à devenir épicurien. Célébrer la vie, ça commence par se faire
plaisir ! Nous découvrons vite que la cuisine de Oaxaca n'a pas été classée à
l'Unesco, au Patrimoine Immatériel de l'Humanité pour rien... Quesadillas à la
fleur de courge et au fromage, Tlayudas au filet de bœuf savoureux, Tamales au
mole oaxaqueño (LA fameuse sauce au chocolat), nous essayons de goûter de tout,
même les Chapulines qui sont des sauterelles grillées, à savourer au piment, au
citron ou au poivre ! C'est toujours la même excitation pour nous quand il
s'agit de passer à table ! Et ce n'est pas près de changer ici !
Tlayuda, que rica !
Mole Oaxaqueño, pour un vrai poulet au chocolat !
En dehors de la cuisine, il y a
autre chose dont les mexicains peuvent être aussi fiers : leur
culture. Le Mexique est riche à la fois des cultures indigènes et de la culture
espagnole et les mexicains sont véritablement fiers de leurs origines même si
des discriminations persistent malgré tout. Ils possèdent une histoire et des
traditions qu’ils honorent sans cesse au présent. Ensuite, la famille est leur
pilier et la joie et les célébrations leurs moteurs. Nous passons vraiment de
bons moments dans ce pays et dans certains endroits, nous nous sentons bien
moins étrangers qu’en arrivant. Nous allons presque passer 6 mois au Mexique au
final et malgré tout, partout où nous passons, nous avons envie de revenir un
peu plus longtemps, pour approfondir, mais plus tard !
Défilé de Catrinas et Catrins dans les rues de Oaxaca
La fiancée, personnage important des légendes de la Fête des
Morts
Retrouvez toutes nos photos de Oaxaca dans notre album
Entre nos délicieux repas à Oaxaca,
cela ne nous a pas du tout déplu de travailler à la vente de nos calendriers.
C’est une très bonne expérience que nous réitèrerons. Nous ressentons le besoin
de travailler un peu sur notre route et ce fut un vrai travail ! Une fois
les connexions coupées, les ordinateurs fermés, nous avons rejoint les plages
de l’Etat de Oaxaca, passant vite les « stations balnéaires » pour
arriver tout à fait par hasard sur une plage immense et sauvage. Pas une
poubelle, quelques âmes vivantes seulement, un peu secouées par un vent
soufflant sans relâche… Et puis rien. Seulement le Pacifique s’éclatant à cœur
joie sur la plage. Nous nous sommes dits que pour une tortue, cela ressemblait
à l’endroit idéal pour venir déposer en sécurité ses œufs… Il semblerait
d’ailleurs que quelques pilleurs de nids se soient baladés là avec des lampes
durant la nuit. L’Etat de Oaxaca possède aussi des campements de tortues et
malheureusement, cette année, la saison n’est pas très chargée en arrivées… Et
la Laúd, la tortue Luth, la plus grande du monde, a encore trop chaud pour
venir tremper ses nageoires dans les eaux au large de Oaxaca...
Magnifique plage de Concepción Bamba, si si, c'est son nom !
Avec le vent qui règne en maître sur
cette plage, il n’est pas étonnant qu’une immense dune se soit formée avec le
temps. Un peu de relief et nous sommes heureux ! Par contre, avec le
soleil et le vent, le chèche est obligatoire. Complètement protégés, nous
partons à l’ascension de la dune. Et là, nous regrettons d’être en sandales.
Nous avons négligé nos pieds. Le sable est brûlant et vu notre réaction, nous
ne sommes pas prêts de marcher sur la lave à pieds nus ! Nous allons de
pierres en pierres en évitant au maximum le sable, puis de touffe d’herbe en
touffe d’herbe. Puis le contact avec le sable est une obligation et là… ben
faut courir vite dans la pente raide pour essayer de trouver un nouvel ilot
pour protéger nos petons ! Nous pouvons dire que nous nous sommes bien
cramés les pieds ce jour-là ! Et heureusement, la vue en valait vraiment
la peine. Inutile de vous dire qu’à la descente, nous avons évité le mode
« tout droit dans la pente de sable » et nous sommes vite allés
retrouver le Pacifique pour nous lécher les orteils sensibles !
Nos orteils sont peut-être endoloris mais nos yeux s'en
mettent plein la vue !
En continuant notre route, nous
sommes revenus en terre connue puisque nous avons atterri de nouveau à Puerto
Arista, au Chiapas. Sans avoir calculé, il se trouve que nous sommes revenus au
campement de tortues pile poil au moment de l’éclosion des œufs que nous avions
ramassé 45 jours auparavant. Simple hasard ou guidés par une horloge interne
parentale ? Toujours est-il que lorsque les petites tortues sont sorties
du sable, une à une, aucune ne nous a appelé Papa ou Maman ! Nous étions
surtout motivés pour réaliser un petit film sur le travail réalisé au campement
de tortues, pour partager ces moments que nous avons vécus mais surtout pour
rendre hommage à cette bonne équipe que nous avons été heureux de retrouver.
Tout comme ils l’ont été aussi de nous voir arriver ! Mis à part le fait
que la chaleur même en novembre est étouffante et sabote beaucoup d’initiatives
durant la journée, nous nous sommes vraiment trouvés à notre place.
De nouvelles naissances sont annoncées chaque jour au
campement de tortues de Puerto Arista !
Dernières rondes de nuit sous la pleine lune sur la plage de
Puerto Arista
Pour ceux qui veulent lire de nouveau notre article sur le
travail effectué au campement de tortues, c'est ici !
Et puis, nous avons passé la 5ème
vitesse pour traverser vite le Chiapas et rejoindre la péninsule du Yucatán
pour retrouver notre copain ariégeois de Whistler et sa blonde pour quelques
jours. La route fut longue mais nous avons passé un très bon moment avec eux, à
parler du Canada, à siroter des binouzasses en savourant le sud-est de la
péninsule qui mérite vraiment le détour. Malheureusement, nous avons mis le cap
au nord ensuite pour y récupérer des colis qui trainent malheureusement. Nous
prenons conscience qu’il y a des endroits où l’on vient en vacances… et il y a
les autres. Nous ne sommes pas en vacances… Tulum, Playa del Carmen ou Cancún,
ne sont malheureusement pas pour nous. Heureusement que le Yucatán a aussi des
trésors cachés que nous allons chercher à découvrir !
En route pour le Yucatán, les brumes
du Chiapas...
Hasta pronto !
Les Galopères.